C'est l'histoire de Guido (Benigni), dont l'humour et la vitalité vont séduire la charmante Dora (Nicoletta Braschi, épouse de l'acteur dans le civil). Ils se marient et ont un fils, Giosué (Giorgio Cantarini). Eclate la Seconde Guerre Mondiale. Guido, qui est juif, est déporté avec son fils. Dora monte de plein gré dans le train qui les emmène.
Auschwitz présenté comme un "Club Med" dans lequel "La vie est belle" ? C'est le pari qu'a tenu le clown le plus populaire d'Italie. Son maître Chaplin avait déclaré une fois "Si j'avais connu les horreurs des camps de concentration, je n'aurais jamais pu réaliser LE DICTATEUR. Je n'aurais jamais pu tourner en dérision la folie homicide des Nazis." 60 ans plus tard, Benigni ose s'attaquer à ce sujet tabou, et mettre en scène un personnage qui chante la joie de vivre dans l'univers concentrationnaire. Guido, incarcéré dans le même baraquement que son fils, hypnotise (pour ne pas dire "saoule"), par sa logorrhée permanente, l'enfant qu'il veut préserver de l'horrible réalité. L'émotion tient à la distorsion croissante entre la farce mise en scène par Guido et l'horreur réelle. Comme le titrait très justement "Première", LA VITA È BELLA est un "one man shoah". L'acteur est omini-présent : à grand renfort de mimiques et de gags, il vole toutes les scènes, ce qui laisse finalement peu de place aux autres personnages et à ce qui les entoure, et donne au film un tour très personnel.
Nous avons tous en mémoire la prestation délirante de ce même Benigni quand il reçut le Prix Spécial du Jury à Cannes, des mains du Président Martin Scorsese : le petit Italien à plat ventre devant Sorsese, lui baisant les pieds ! Qui d'autre aurait osé le faire ? Et quelle meilleure carte de visite donner à l'acteur-réalisateur le plus populaire d'Italie ?
Suzanne Déglon