Truman Burbank a tout pour être heureux : une gentille petite femme, une jolie petite maison, un petit boulot bien payé, des gentils voisins, bref, une petite vie bien réglée, heureuse. Jusqu'au jour où lui naît un besoin d'évasion : il tente de forcer les limites de son horizon, et découvre peu à peu que le monde dans lequel il vit est un décor de studio, qu'il est le héros d'un sitcom "live", depuis le jour de sa naissance. Entouré de comédiens qui sont payés pour lui donner la réplique et faire passer des messages publicitaires, il vit dans un univers d'effets spéciaux et d'objets factices, lui seul est "vrai". Le chef de projet, mégalomane sans scrupules, répond au nom révélateur de CHRISTof (Ed Harris). Il règle sept jours sur sept le quotidien de Seahaven (proprette petite ville où vit son héros depuis sa naissance), et tel Dieu le père, contemple avec satisfaction sa créature et sa création qu'il aime à exhiber aux yeux du monde.
Le film est une satire des médias en général, des séries TV et du voyeurisme des téléspectateurs en particulier. L'Australien Peter Weir (à qui on doit le célèbre CERCLE DES POETES DISPARUS) ne dénonce pas seulement la fiction télévisuelle, mais s'attaque aussi à l'"American Way of life"à travers l'idyllique train-train quotidien de Truman qui se déroule comme un long clip publicitaire.
C'est un rôle sérieux, intelligent et nouveau pour le comique Jim Carrey, et il l'interprète à merveille, renonçant complètement à son arsenal de grimaces habituel et s'immergeant totalement dans ce personnage auquel il peut presque s'identifier, lui qui est issu de la télévision. Comédie et tragédie à la fois (qui rappelle à plus d'un titre la série LE PRISONNIER), THE TRUMAN SHOW est un film intelligent et sensible sur la quête souvent douloureuse de sa propre identité.
Suzanne Déglon