Durée: 2h03
Shakespeare In Love, mouais...Voilà ce que les sceptiques, votre serviteur en tête, se sont dit à la lecture de ce titre qui fleure bon la mièvrerie en costumes. "Pas touche au grand Will, les ricains!"...
Et bien, il a fallu ravaler ses sarcasmes et se faire à l'idée: John Madden est anglais, et toc, et son film est épatant, et re-toc. Dès le début, on est emporté par le rythme, l'atmosphère et surtout par le plaisir qu'ont les comédiens, jusqu'au rôle le plus secondaire, à jouer des londoniens du 16ème siècle, pleurnichards ou truculents, mais toujours si pleins de vie. Autour des deux figures principales, impeccables, gravite une foule de personnages hauts en couleurs, campés par des acteurs formidables tels Judy Dench, Colin Firth ou Geoffrey Rush. Les plus observateurs reconnaîtront Tom Wilkinson, le stip-teaseur quinquagénaire de Full Monty ou un membre de la fanfare des magnifiques Virtuoses de Mark Herman.
1593. Le jeune William Shakespeare (J. Fiennes, cadet de Ralf et vraie révélation du film), est non seulement en panne d'inspiration, mais également financièrement au bord du gouffre. Alors qu'il tente d'écrire Roméo et Ethel, la fille du pirate, il va rencontrer une jeune fille de bonne famille (G. Paltrow, désormais une valeur sûre), passionnée de théâtre dont l'énergie et la beauté lui inspirent la Juliette de sa pièce mythique. Dans une époque où le métier d'acteur est réservé aux hommes, la belle va tout tenter pour pouvoir vivre sa passion de jouer et son amour illicite pour le dramaturge...
Il est amusant de constater, si tant est que le film soit réaliste sur ce point, combien les rapports délicats entre les propriétaires de théâtres pris à la gorge, les producteurs pingres, les auteurs et les politiques n'ont guère évolué depuis le règne de la grande Elisabeth I...
Le conseil de la semaine pour briller en société:
Le réalisateur Edward Zwick (Légendes d'automne), qui se mue ici en producteur, prévoyait initialement de réaliser Shakespeare In Love avec Julia Roberts et Daniel Day-Lewis. Pas mal non plus...
Nicolas Kissling