Durée: 2h50
Dans une île du Pacifique Sud, l'armée américaine tente de conquérir une colline tenue par les japonais. Cet épisode de la mal nommée dernière guerre sert de prétexte à Terrence Malick pour élever le film de guerre au rang de thèse philosophique.
Malick débute dans les années 70 et dès son premier film (La ballade sauvage), son sens inné de l'art du cinéma secoue tout le milieu. Un autre film (Les moissons du ciel), et c'est déjà la consécration. Il est l'un des réalisateurs les plus brillants de sa génération, promis à une carrière sans pareille et puis, plus rien. 20 ans de silence radio, laissant Spielberg, Scorcese ou Coppola cartonner au box-office. Il faudra l'acharnement de deux producteurs (qui y laisseront leur fortune et 7 ans de leur vie) pour le faire retourner derrière la caméra.
"La ligne rouge" est un film extraordinaire au vrai sens du terme. Aucun plan n'est gratuit, chacun d'un veut nous dire quelque chose. Il y a la guerre bien sûr, dans tout ce qu'elle a d'irrationnel et de perturbant pour ses participants, la sauvagerie d'un combat qu'ils ne comprennent pas dans une nature d'une beauté folle. La droiture et la folie, si proches l'une de l'autre, mais aussi le rêve et la responsabilité. Un film est riche, dense, inracontable. Il faut s'y perdre, le ressentir plutôt que le comprendre, aidés en cela par des comédiens exceptionnels. Un savant mélange de visages connus ou non, sans héros véritable.
Une pièce maîtresse du cinéma d'aujourd'hui, ou l'enfer et le paradis se télescopent et s'unissent en un couple inséparable, injustement privée d'Oscar. Ce qu'en pense Terrence Malick, mystère... Il a déjà disparu. Pour revenir dans 20 ans?
Le conseil de la semaine pour briller en société:
Prédisez une belle carrière à Jim Caviezel, révélation du film, à l'image de Richard Gere, héros inconnu des "moissons du ciel".
Nicolas Kissling