Peut-on liquider son prochain de façon zen? (C'est à la mode le zen, vous avez remarqué?). Et bien oui, ça se pourrait, en tout cas au cinéma. Habitué à frapper là où l'on ne l'attend pas, Jim Jarmusch n'a pas son pareil pour nous attacher à des personnages décalés. Il fait naître la beauté et l'émotion des aspects les plus sombres de notre monde et poursuit avec Ghost Dog son uvre fascinante. Il colle, dans son fameux style lent, aux basques d'un samouraï des temps modernes (impeccable F. Whitaker, tout de légèreté contrastant avec sa corpulence), au rythme obsédant du meilleur rap de New-York.
Ghost Dog est un tueur solitaire, adepte de "la voie du samouraï", un code d'honneur du XVIIè siècle. Discret et efficace, il n'a guère d'ami si ce n'est Raymond, un vendeur de glaces francophone avec lequel il communique sans parole, et ses pigeons voyageurs. Lorsqu'on veut le forcer à enfreindre ses principes sacrés, il se retourne contre ses employeurs mafieux et commence alors la vraie quête de "la voie du samouraï".
Nicolas Kissling