Durée: 1h45
Le Dogme 95, un nom qui claque, définitif, un pacte pour un cinéma plus vrai. C'est le contrat qu'on signé quatre cinéastes danois dont bien sûr Lars von Trier. Parmi les clauses du Dogme: caméra à l'épaule, son direct, décors naturels, refus des effets spéciaux, bref, le retour à la simplicité, jusqu'à l'épure.
En tant que signataire, Thomas Vinterberg apporte avec "Festen" une pierre importante au jeune édifice. Une pierre qu'on prend d'ailleurs en pleine figure et qui fait mal.
Pour les 60 ans du chef de famille, tous les enfants, cousins et autres grands-parents sont conviés dans l'hôtel particulier de Monsieur, pour une grande fête. Mais à l'heure du discours, le fils aîné prononce alors un speech aussi inattendu que si vous étrangliez votre vieille tante devant tout le monde. Ah, ça casse l'ambiance! Bonjour le malaise...
Depuis les films de Lars von Trier (Breaking The Waves, Les idiots) on commence à apprivoiser ce langage cinématographique nouveau. Caméra très mobile, image pas toujours nette, mais l'impression d'être l'unique témoin de ces scènes terribles, à la fois gênés et heureux d'être là. Ici, pas de morale, pas de bla-bla. La vie crue, injuste, servie par de formidables comédiens qui "sont" les personnages, non pas des héros, mais juste des humains moches, lâches, vulnérables et parfois magnifiques.
Un cinéma brut, qui vient des tripes, à découvrir d'urgence. Il serait cependant ridicule de l'opposer bêtement au style classique. Il en est simplement l'indispensable complément.
Le conseil de la semaine pour briller en société:
Lars von Trier projette de tourner une comédie musicale avec la chanteuse Björk. Ça devrait s'appeler "Dancer In The Dark" et l'islandaise en signerait la musique. Tournage courant 2000, je vous tiens au courant.
Nicolas Kissling