Woody Allen, infatigable, tourne un film par an, parfois deux. Avec une liberté de ton, une sincérité irrésistibles, il aborde tous les genres, se répète au risque parfois de tourner un peu en rond. Dans "Harry dans tous ses états" tout tourne plus vite qu'on en a presque le tournis et ce n'est pas désagréable du tout. Woody Allen n'a plus rien à perdre, il s'agit là d'un de ses films les plus personnels où il avoue ses faiblesses et tout ce qu'il est avec sérénité et audace. Son film se veut ingénieux, original, caustique, drôle et caricatural mais n'exclut pas une certaine gravité. Il y a la mort, la religion, bien sur, les relations avec les femmes, les psys. Woody Allen ose des répliques politiquements très incorrectes et invente des trouvailles géniales, comme un acteur devenu soudain flou (Robin Williams).
Cette fois il se dédouble en Harry, romancier célèbre, multipsychanalisé, obsédé, s'inspirant pour écrire ses livres des tumultueuses péripéties de son existence de créateur qui n'en finit plus d'accumuler les liaisons s e x u e l l e s catastrophiques, les mariages ratés. Confronté à l'angoisse de la page blanche et au vieillissement de ses cellules, il devient hystérique lorsque les personnages de ses romans débarquent dans sa vie. S'emmêlent alors le rêve et la réalité.
Ce film est bourré d'idées narratives inédites avec un filmage rapide, moderne. Après plus de 25 films à son actif, Woody Allen peut encore nous surprendre.
Cinéphiles et membres de Ciné-Mascotte ne manquez pas cette fausse autobiographie, Harry c'est certainement Woody mais en même temps c'est plus que ça !
Raymonde Locher