Il existe "deux Spielberg" aussi talentueux l'un que l'autre. L'un s'amuse comme un enfant en réalisant "Jurassic Park", "Le monde perdu" et "Les aventuriers de l'arche perdue". L'autre, parallèlement, interpelle les consciences, montre des images dures, possède l'art de faire resurgir des pans entiers de l'Histoire à partir d'événements isolés et réels. Après la "Liste de Schindler", Spielberg met le doigt sur sur un sujet pas si éloigné de nos réalités: l'esclavage, un des paradoxes les plus criant de l'histoire de l'Amérique de toutes les libertés. D'une manière sobre et nécessaire, bien que parfois un peu trop didactique, il reprend son discours égalitaire et continue son long, son indispensable combat pour l'homme. La liberté est un droit qu'il faut préserver et dans ce sens, même un film n'est pas inutile.
Au large de la côte Est des Etats-Unis du XIXe siècle, en été 1839, on appréhende "La Amistad", un bateau de négriers espagnols avec à son bord, deux Espagnols et une cinquantaine d'esclaves noirs. Ces derniers se sont révoltés et ont pris possession du voilier. Enfermés dans une prison, ils attendent que la justice américaine statue sur leur sort. Les esclaves deviennent alors l'enjeu d'une lutte entre les abolitionnistes et les esclavagistes. Steven Spielberg fait intervenir une foule de personnages qui, tous, tentent d'infléchir le cours de l'Histoire: abolitionniste, avocat (Matthew McConaughey), noir émancipé (Morgan Freeman, seul personnage fictif de l'histoire), homme politique (Anthony Hopkins), chef des révoltés (Djimon Hounsou, un débutant, qui apporte une belle humanité à son rôle, il crève l'écran).
Le metteur en scène confirme de façon bouleversante sa maîtrise absolue du grand spectacle (plans de nuit, longs travellings, plans fixes) et avec des images d'une incroyable force, d'une crédibilité sans faille, il nous immerge dans cette époque et nous imprégne de la mentalité qui y régnait.
Cinéphiles et membres de Ciné-Mascotte ne manquez surtout pas ce grand drame historique!
Raymonde Locher