De ce western-là nous garderons l'idée de la transhumance, du voyage. Sur la route, il y a deux personnages qui transpirent la sympathie à chaque virage : Paco, l'Espagnol séducteur, et Nino, le petit émigré russe. A part l'amour, ils ne recherchent rien de bien particulier mais au gré des rencontres et des kilomètres avalés, ils vont découvrir beaucoup de choses. Ils avancent à pied sur les route de l'Ouest, libres dans ce western sans cow-boys, sans cavalerie, ce road-movie sans voiture. Ils vivent cette aventure du quotidien avec devant eux des kilomètres et des kilomètres pour passer le temps et surtout pour parler des femmes et même d'en rencontrer.
Ce qui intéresse ce conteur d'histoires simples qu'est Manuel Poirier, ce n'est ni l'analyse ni l'intrigue, mais le regard. Il place deux hommes sur la route et le film avance à leurs pas, au rythme de leurs découvertes et à travers leurs regards nous dérivons avec eux sur le chemin de la vie.
Manuel Poirier revendique le fait de filmer le quotidien, le réel, et réussit à concilier la tête et le coeur, son tour de force est de nous présenter cela sans manipulation, ni intellectuellement, ni émotionnellement en faisant preuve d'une intégrité et d'une générosité hors du commun.
Avec une galerie de personnages charmante et touchante, deux comédiens à découvrir (Sergi Lopez, Sacha Bourdo), des situations souvent hilarantes ce road-movie à pied est un petit bijou qui déborde d'humour, de légèreté et de poésie.
Raymonde Locher