Depuis trente ans, Théo Angelopoulos est l'un des rares cinéastes grecs consacrés. Cinéaste engagé, il obtient la reconnaissance du publique et des critiques lors de nombreux festivals de Cannes. Il a tourné "Le voyage des comédiens", "Le voyage de Cythère", "L'apiculteur", "Le pas suspendu de la cigogne", etc. .
Avec "Le regard d'Ulysse", qui est un film difficile mais essentiel, au rythme lent, il rend un bel hommage au cinéma et sanctifie aussi quelques-unes des raisons d' être du septième Art : observer, enregistrer, servir de mémoire audiovisuelle, capturer le temps d'hier, communiquer la beauté, l'horreur, la nostalgie, l'enseignement.
Harvey Keitel, acteur talentueux, joue le rôle d'un cinéaste grec, exilé aux Etats-Unis, dont nous ne connaîtrons qu'une initiale, A. (comme Angelopoulos?) qui retourne au pays pour assister à la projection exceptionnelle d'un de ses films controversés. Sur place, il apprend que les bobines mythiques du tout premier film tourné par les pionniers du cinéma grec, les frères Manakia, ont disparu. Ces premières images d'un temps où l'Europe vivait encore en paix deviennent pour A. l'objet d'une véritable obsession. Il se lance alors dans un voyage à travers les Balkans pour retrouver ce témoignage capital. Le monde actuel va mal et le héros du "regard d'Ulysse", lui, veut savoir, veut voir comment c'était "avant". Cette course au film disparu, malgré sa gravité, reste optimiste et laisse croire que demain ou peut-être après-demain le monde sera aussi beau qu'à l'époque où les inventeurs du cinéma plantaient leur caméra devant des gens heureux.