C'est le premier long métrage de Dominique Cabrera, premier vrai film sur l'après-guerre d'Algérie. Il s'agit d'une fiction mais la réalisatrice étant elle-même d'origine pied-noire, on sent à chaque image, à chaque dialogue, le vécu, l'imprégnation, profondément ancré dans la réalité, qui prend une résonance encore plus forte et interpellante.
Une des particularités du film est d'offrir à Claude Brasseur un rôle d'homme mûr, blessé mais digne, un peu à contre emploi. Celui de Georges Montero qui ne peut s'arracher à son passé de pied-noir, resté en Algérie après l'indépendance pour exploiter un négoce d'huile d'olive et qui vient en France pour la première fois en 1994 afin de se faire soigner d'une cataracte. La "guerre civile" mettant l'Algérie à feu et à sang, ses amis font pression pour qu'il reste. Roschdy Zem (Tarek), le chirurgien qui va l'opérer est un beur orgueilleux qui a professionnellement bien tourné mais qui vit coupé de ses racines et qui n'a jamais mis les pieds de l'autre côté de la Méditerranée. Ces deux hommes se confrontent, s'attirent et tombent les masques. A l'issue de cette rencontre, chacun fera son choix de vie.
Pieds-noirs nostalgiques, beurs déracinés, français restés "là-bas", émigrés, tous ont mal à l'Algérie d'aujourd'hui et regrettent le temps où l'on pouvait y chanter le raï sans forcément se faire assassiner.
Ray. L.