Les jeudis soirs de Cinémascotte

à 20h30


The Land Girls, de David Leland, avec Catherine McCormack, Rachel Weisz US 1998, 1h.50

Nous sommes en 1941. Trois charmantes jeunes femmes, venant de milieux sociaux différents, arrivent dans un village perdu du Dorset. Stella (C. McCormack, que vous avez vue dans BRAVEHEART) est une jeune personne calme et romantique, fiancée à un officier de la Royal Navy. Ag , diplômée de Cambridge, est une intellectuelle qui aimerait connaître la vie simple des gens de la terre. Prue, la plus jeune, est coiffeuse. Elle cache sous des manières coquettes et flirteuses une grande méconnaissance de la vie. Toutes trois vont aller vivre et travailler chez le fermier Lawrence, un homme taciturne qui s'est retrouvé, au début du conflit, seul avec sa femme et un grand fils resté en arrière malgré lui, la Royal Air Force ayant refusé sa candidature. L'arrivée des trois jeunes filles distraira le jeune homme de son amertume, et elles succomberont toutes trois à son charme (à qui d'autre succomber, d'ailleurs ?) ... Le film rend hommage aux femmes anglaises qui se portèrent volontaires en 1939-45 pour les travaux des champs, la "British Women's Land Army", tandis que les hommes étaient sous les drapeaux. L'histoire des trois héroïnes est si bien racontée et chaque comédienne est si remarquable qu'on en oublie irrésistiblement l'absence de stars et qu'on se laisse envoûter par le charme romantique de ce mélodrame.

 

Lock, Stock and Two Smoking Barrels, de Guy Ritchie, avec Sting, Nick Moran, Jason Flemyng, Dexter Fletcher, Jason Stagham, Frank Harper, Vinnie Jones, etc. UK 1998 1h.46

Londres, de nos jours. Une bande de 4 copains cherchent à arnaquer une paire de caïds, qui font "travailler" 2 malfrats en sous-traitance... Tout ce petit monde guette une bande de 3 loubards, eux-mêmes menacés par 5 méchants qui dérangent une bande de colosses hypervéreux, sans compter 2 ou 3 "durs" qui passaient par là.... A malin, malin et demi. Pour celui qui aura le dernier mot, il y 500'000 livres sterling en liquide et une jolie plantation de canabis! Près de vingt personnages pour 96 minutes, cela peut paraître beaucoup. Mais non ! L'intrigue est construite avec une rigueur scientifique, chaque personnage a une "gueule" bien identifiable, (le casting est absolument fabuleux), l'humour noir et l'humour tout court rehaussent chaque plan, chaque échange verbal, chaque épisode. On déguste chaque scène de ce thriller grinçant et ricanant comme on dégusterait un Tarantino aux accents cockney sur une musique du meilleur cru.

 

Yukon-Alaska, documentaire de Samuel Monachon CH 1h40

Partir à la découverte de ces deux immenses pays parmi les moins peuplés du monde, donne tout suite un goût d'aventure. Le Yukon se situe à coté de l'Alaska, au nord-ouest du Canada.

L'Alaska, séparé du Yukon par une frontière rectiligne appartient aux Etats-Unis et représente une superficie de 3 fois la France. Le Yukon couvre un territoire de une fois la France. L'Alaska n'est séparé de la Sibérie que par le Détroit de Bering. Le déplacement sur le Grand-Nord s'est effectué avec un hydravion symbolise par le vol de l'aigle pygargue à tête blanche.

L'immensité de la taïga et de la toundra constellée de milliers de lacs et rivières confère aux paysages une beauté hors du commun. La richesse de la faune et de l'avifaune donne à penser au Paradis perdu. Elans, castors, grizzlis, ours noirs, caribous, spermophiles de Colombia, wapitis, écureuils terrestres, porcs-épics, lynx, mouflons et mammifères marins sont montres de près. La diversité de la flore surprend sous ces latitudes, de même que la luxuriance de certaines forets fluviales. L'été, court certes, mais relativement chaud, assure aux voyageurs un confort agréable. L'imprévisible, les rencontres avec les animaux parmi les plus puissants de la planète, les conditions extrêmes de l'hiver et de l'entre-saison, la pureté de l'air, la beauté des paysages font d'un tel voyage une véritable odyssée.

Ce film documentaire est un hymne à la nature et à la vie...

 

Enchanted April, de Mike Newell, avec Polly Walker, Alfred Molina, Joan Plowright, Miranda Richardson, Josie Lawrence, Jim Broadbent, UK 1992, 1h.35

"Pour ceux qui apprécient les glycines et le soleil : à louer pour le mois d'avril, petit château médiéval meublé, en Italie, sur les bords de la Méditerranée". Dans une Angleterre pluvieuse et sinistre, cette annonce offre à Lottie Wilkins (J. Lawrence) une occasion irrésistible d'aventure, une chance d'échapper à un quotidien maussade et gris aux côtés de son bourgeois de mari, si pontifiant, si conservateur, si barbu et barbant.. Elle cherche et trouve trois partenaires, afin de diminuer les charges, et met son mari devant le fait accompli. Les quatre dames, on ne peut plus différentes ( Rose, sa voisine, une folle de religion; la belle et irrésistible Lady Caroline, et enfin une dame plus âgée appartenant aux hautes sphères sociales, Mrs. Fisher), arrivent à San Salvatore, et la magie des lieux commence à opérer irrésistiblement : aux querelles du début se substitue l'amitié. Avec elle renaît l'amour : l'amour de la vie, l'amour de l'amour et de l'amitié, l'amour pour ceux qu'on avait cessé d'aimer. Au fil du mois, la beauté envoûtante du site changera ces quatre femmes et leur permettra de découvrir une nouvelle façon de vivre et d'aimer. Magnifiquement filmé et interprété, ce film est une cure de bonheur pour le public, qui se laisse raconter avec plaisir, une fois de plus, cette relation d'amour et de fascination qui a toujours existé

entre les Anglais et l'Italie.

 

Augustin, de Anne Fontaine, avec Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, Stéphanie Zhang, Thierry Lhermitte, FR 1994 , 1h.01

Augustin est un jeune homme discret, d'origine portugaise, qui travaille dans une petite compagnie d'assurances. Préposé au courrier, il va de service en service, révérencieux envers ses chefs, délateur à l'occasion, distant ou carrément désinvolte avec ses collègues. Les femmes se gaussent de ce grand gamin gauche (sic!)... qui a UNE ambition, et de taille : devenir comédien! Il réussit à décrocher un rôle de garçon d'étage dans un téléfilm dont la vedette est Thierry Lhermitte. Pour s'imprégner du rôle, Augustin va faire des journées dans un palace où il apprend les rudiments du métier grâce à une femme de chambre chinoise. Quand vient le jour de l'audition avec Thierry Lhermitte, Augustin a la grosse tête... c'est pratiquement lui qui auditionne Lhermitte! Dans la peau du dadais pince-sans-rire, touchant, parfois cynique, mais jamais antipathique, Jean-Chrétien Sibertin-Blanc porte ce film inclassable, qui nous fait glisser constamment de la fiction au réel.

 

Augustin Roi du Kung Fu, de Anne Fontaine, avec Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, Darry Cowl, Maggy Cheung, Paulette Dubost, Bernard Campan, Fanny Ardant, André Dussolier, FR 1999, 1h.30

Augustin, obscur acteur de cinéma, est un garçon placide et solitaire, qui n'a apparemment besoin de personne, et traverse la vie sur son vélo, auquel il voue un soin tout particulier. Il est passionné d'arts martiaux et s'entraîne seul au Kung-Fu dans sa chambre. Il se croit même doué. Dans l'espoir d'incarner un jour un héros de film d'arts martiaux, il décide de tout quitter, et d'aller commencer son initiation.... en Chine. Enfin presque. Ce sera Chinatown, en ville de Paris, porte de Choisy. Augustin s'y installe, fermement décidé à parler chinois, manger chinois, penser chinois..... Anne Fontaine reprend la recette qui a fait le succès du premier AUGUSTIN : mettre en scène le parcours de ce grand benêt pas si bête que ça, le suivre dans sa quête touchante et grotesque à la fois, et dans ses rencontres diverses, comme celles avec ce vieux commerçant roublard ou avec cette craquante spécialiste de l'acupuncture dont les aiguilles éveilleront chez Augustin des émotions tout à fait neuves!

 

Swimming with Sharks, de George Huang, avec Kevin Spacey, Frank Whaley, Michelle Forbes US 1995, 1h.30

Le tout-puissant Buddy Ackermann (K. Spacey ) est un producteur hollywoodien à succès. Envié et haï de tous ceux qui l'approchent, il règne sur ses collaborateurs et a comme souffre-douleur Guy, son secrétaire-standardiste-porteur-de-café-esclave-à-tout-faire: une carpette! Un soir, excédé, Guy s'introduit subrepticement dans la résidence (de Beverly Hills, bien sûr) de son tortionnaire.... Aucun film n'a stigmatisé jusqu'ici avec une telle force les moeurs d'Hollywood, aucun n'a décortiqué avec tant de minutie le jeu des relations sado-masochistes que met en branle la lutte pour le pouvoir et l'argent, dans la structure extrêmement hiérarchisée des studios. Si l'argent y est synonyme de pouvoir (comme partout ailleurs), le s e x e n'y est qu'une pièce, qu'un rouage de la machinerie qui vous mène au pouvoir.

 

Lolita, de Adrian Lyne, avec Melanie Griffith, Jeremy Irons, Dominique Swain, Frank Langella, USA-France 1998, 2h17

S'attaquer au chef-d'oeuvre de Vladimir Nabokov, après la brillante adaptation de Stanley Kubrick en 1962, relevait de la gageure! Qui plus est au moment où le monde entier dénonce avec horreur le crime pédophilique! Pauvre Adrian Lyne, il démarrait sous de très mauvais auspices. Et mettre en images les pulsions coupables d'un professeur vieillissant pour une jolie nymphette de 12 ans, en qui il retrouve les rondeurs de son défunt amour de jeunesse, tient du pari impossible. Boycotté aux Etats-Unis, où il a eu d'ailleurs bien de la peine à sortir, le film de Lyne n'est pourtant ni répugnant ni indigne. La descente aux enfers du Professeur Humbert Humbert (car c'en est une) est bouleversante, et l'objet de tous ses désirs, (la toute jeune D. Swain), est une Lolita toute de perversion innocente et de charme. Si vous avez aimé James Mason en pédophile distingué, rien ne vous empêche de croire en Jeremy Irons dans le même rôle, car il y est remarquable.

 

The Madness of King George, de Nicholas Hytner, avec Nigel Hawthorne, Helen Mirren, Ian Holm, Rupert Everett, Amanda Donohoe, Rupert Graves, UK 1995, 1h.50

Angleterre 1788, George III est au pouvoir depuis trente ans, à ses côtés sa dévouée épouse, mère de leur quinze enfants, la reine Charlotte. Le roi est honnête, énergique, voire autoritaire, et l'exercice de ce pouvoir sans partage déplaît au Prince de Galles, son fils aîné. L'intransigeance du roi a été à l'origine de la perte des colonies américaines et s'est soldée par la chute de son premier ministre, Frederick North. Et il semble bien que le roi présente des signes de troubles mentaux. Il est alors facile à quelques médecins incompétents et peu scrupuleux, soucieux de préserver leurs privilèges en cédant à la pression du Prince de Galles, de diagnostiquer la démence. Si tout se déroulait selon le complot ourdi par le mauvais fils, celui-ci ne devrait pas tarder à accéder au trône sous le nom de George IV..... Les amateurs de films à costumes seront séduits par la la reconstitution scrupuleuse, la richesse des décors et des costumes, l'interprétation brillante, le dialogue truffé de "mots d'auteur" et le travail de caméra parfait. Et vous en chaut-il d'apprendre que le roi ne souffrait nullement de démence, mais de porphyrie, maladie qui n'a été découverte qu'au XXème siècle ? (Pauvre George III, cela lui fait une belle jambe!)

 

 

Boogie nights, de Paul Thomas Anderson, avec Mark Wahlberg, Burt Reynolds, Julianne Moore , John C. Reilly, Heather Graham, William H. Macy, USA 1997, 2h.33

Eddie vit avec une mère quasiment hystérique, qui ne cesse de le traiter de raté, et un père résigné et apathique. Quand Jack Horner, producteur à succès, lui offre sa chance dans le monde magique du cinéma, Eddie ne va pas rater l'occasion de réaliser ce rêve secret qui est celui de tous ceux qui vivent dans l'aura de la Mecque du cinéma. Basé sur la vie de la vedette la mieux membrée du porno, John Holmes (52 cm, à ce qu'elles disent...), le scénario du film dévoile avec humour la grandeur et la décadence d'Eddie Adams, renommé Dirk Diggler, ou comment devenir une star du porno quand on est un gentil garçon, plongeur dans une boîte de nuit à la mode de Los Angeles et qu'on a la chance d'être " découvert " par un producteur! Bien sûr, c'est par un canal en marge des grandes productions qu'Eddie fait son entrée dans la grande famille du cinéma! Mais même avec des scénarios inexistants, même avec des comédiens qui n'en sont pas et même face à une caméra qui n'explore que ce que l'"autre cinéma" ne montre pas, Eddie peut devenir Dirk-la-Star, gagner de l'argent à la pelle, et s'étourdir de tous les plaisirs que lui permet désormais la renommée de son appendice ravageur.... sur un gros plan duquel le film s'achève!

 

Ed Wood, de Tim Burton, avec Johnny Depp, Martin Landau, Patricia Arquette, Sarah Jessica Parker, Bill Murray, Jeffrey Jones, US 1994, 2h06

Fin des années 40. Edward Davis Wood Jr, 24 ans, se lance dans la mise en scène de théâtre avec THE CASUAL COMPANY, inspiré de son expérience militaire. La première a lieu devant une salle pratiquement vide, et les rares critiques qui se sont brièvement pointés massacrent la pièce. Mais cela ne décourage pas Wood, dont le péché mignon est de se travestir en femme et de porter des pulls angora... Il décide de commencer une carrière cinématographique, contacte un producteur de séries B, lui propose une biographie du transsexuel Christine Jorgensen, s'assure la participation de son dieu de l'écran, Bela Lugosi, et commence son tournage sans scénario, sans moyens logistiques, sans vedette ni vrais comédiens, armé seulement d'un optimisme et d'une passion sans limites. D'étranges liens d'amitié vont dès lors se nouer entre le vieil acteur morphinomane Lugosi et celui qui est resté dans les histoires du cinéma comme l'auteur des "plus mauvais films de tous les temps". Centré sur l'attachement quasi filial de Wood pour Lugosi, le film nous offre une oeuvre à la fois drôle et tendre sur un personnage marginal et délicieusement iconoclaste. A travers Ed Wood et ses films, dont le caractère totalement ringard en fait des objets de curiosité, voire de culte, c'est tout un cinéma de genre aujourd'hui disparu que nous présente Tim Burton.

 

Bernie, de Albert Dupontel, avec Albert Dupontel, Roland Blanche, Hélène Vincent, Roland Bertin, Claude Perron, FR. 1996, 1h.27

Bernie, 30 ans, névrosé tendance parano, quitte l'orphelinat dans lequel il a grandi. Il veut savoir qui furent ses parents et pourquoi ils l'ont abandonné. Il vole son dossier dans les bureaux des services sociaux et découvre qu'il a été trouvé dans une poubelle. Pas facile d'admettre que vos géniteurs vous ont jugé bon pour le vide-ordures! Autant adopter un autre scénario et décider qu'il est le rejeton de parents menacés par la Mafia et qu'il aurait été kidnappé bébé. Il n'a désormais qu'un but : retrouver ses parents, les sauver! Il trouve un clochard dont il décide que c'est "papa", et "maman", ce sera une riche bourgeoise : il les séquestre tous les deux. Enlèvements, altercations, passages à la moulinette, viols, violences léthales bien qu'involontaires, coulées d'hémoglobine, il y a des morts et des suppliciés dans BERNIE, mais la violence du propos est désamorcée par le hors-champ ou/et l'humour. On retrouve dans tout le film le style mi-gore, mi-porno, humoristique et très croustillant de HARA-KIRI!

 

Le roi des Masques, de Wu Tian Ming, avec Chu Yuk, Chao Yim Yim, Chine 1994 1 h. 41

Dans la Chine centrale du début du siècle, un vieil acteur ambulant, montreur de masques, souhaite transmettre son savoir à un jeune garçon, comme le veut la coutume. Il achète alors un garçonnet de 7 ans, pour l'adopter et l'initier à son art, .... mais il y a erreur sur la marchandise : il a acheté une fillette! Qu'il chasse immédiatement! Mais la petite fille entend bien ne pas laisser passer la chance d'avoir un père et un mentor. Des liens indestructibles finiront par se tisser entre eux. Réalisé en 1994, ce film tout public a tous les ingrédients pour toucher et charmer, tout en dénonçant une société implacable qui considère la gent féminine comme quantité négligeable et lui conteste même le droit de vivre.

 

Buena Vista Social Club, de Wim Wenders, avec Ibrahim Ferrer, Compay Segundo, Rubén Gonzales, Ry Cooder, Eliades Ochoa, Omara Portuondo Deutschland - US 1999 1h.45

C'est en travaillant sur la partition de " THE END OF VIOLENCE " avec le guitariste Ry Cooder que l'idée de partir à Cuba, à la recherche de ces vétérans de la "musica cubana", est venue à Wim Wenders. Le véritable initiateur du film, c'est donc Cooder, qui avait réussi à retrouver en mars 1996 les membres du Club et à les enregistrer sur place : le disque avait eu un succès foudroyant, Cooder l'avait aussitôt fait écouter à Wenders.Porté par son amour de cette musique et de ses interprètes, Cooder avait aussi ramené une foule d'anecdotes, de photos, d'objets et d'écrits sur Ruben, Ibrahim, Compay et les autres. Tous ces trésors patiemment rassemblés donnèrent naissance au projet : emmener une équipe de film à Cuba et filmer les interviews, rencontres informelles, concerts et autres tranches de vie qui permettraient de mieux cerner les merveilleuses personnalités des fondateurs du "Buena Vista Social Club". Reportage fortement émouvant sur des artistes oubliés, qui ont eu en 1998 leur embellie (avec notamment un concert au Carnegie Hall à New York).

 

Sources : La saison cinématographique, L'annuel "Fiches du Cinéma", Le mensuel du cinéma, L'année du cinéma, Scènes Magazine, Positif.

Suzanne Déglon

 


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