Le narrateur, un employé modèle mais insomniaque (Norton), la trentaine, vit lové dans un confort IKEA rassurant. Au cours d'un voyage professionnel, il rencontre Tyler Durden, un anarchiste délicieusement décadent (Pitt). Son appartement détruit par les flammes, le héros anonyme est hébergé par Tyler et, à son contact, sa perception de la vie aseptisée qu'il mène change. Tout deux créent alors le Fight Club, une cave où des hommes ordinaires viennent pour le plaisir se battre à mains nues...
Oui, Fight Club est film noir et violent. Mais il est surtout un formidable coup de pied au cul qui renvoie les hommes de ma génération à leurs interrogations les plus profondes. Qui suis-je et pourquoi ai-je tant de peine à accepter le reflet que le miroir me tend? Le choix de Brad Pitt pour incarner Tyler n'a rien d'innocent. Il le dit d'ailleurs dans le film. Il est tout ce que la publicité et la télévision nous ont fait croire que nous serions, et à l'heure des illusions perdues, nous reste, pour peu qu'on ait l'honnêteté de l'avouer, l'envie sourde et schizophrène de ressembler à ce philosophe destroy et s e x y, et ça fait froid dans le dos.
Nicolas Kissling