Lester Burnham va mourir. Non, rassurez-vous, je ne tue pas le suspense, c'est lui-même qui nous l'annonce dès la première minute d'American Beauty. D'un au-delà qu'on lui souhaite meilleur que son passage sur terre, il sert de guide au spectateur hilare, témoin de la dernière année de sa chienne de vie. Les Burnham ont la quarantaine et vivent avec leur fille adolescente dans une coquette villa de banlieue. Leur couple, embourbé dans la routine, n'est plus que l'ombre de lui-même et quand Lester (K. Spacey) découvre la plantureuse copine de sa fille, son sang fatigué ne fait qu'un tour. L'idylle qu'il fantasme à grand renfort de pétales de rose va le pousser à tout remettre en question...
Grand vainqueur des derniers Oscars, American Beauty, emmené par un Kevin Spacey au sommet de son art et une Annette Bening tordante en bourgeoise frustrée surprend d'entrée par sa liberté de ton. Premier film de Sam Mendes, un dramaturge anglais, cette fable cruelle et lucide prend un peu le même point de départ que l'excellent Kennedy et moi de Sam Karmann. La crise de la quarantaine a encore de beaux jours devant elle si elle inspire des oeuvres aussi différentes et réussies que celles-là. C'est pas bien de rire du malheur des autres mais c'est tellement bon!
Nicolas Kissling